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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 8.djvu/54

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l’influence de la révolution

pôles de certaines denrées, ni ces visites si outrageantes, si contraires à tous les droits du citoyen, ni ces lois barbares contre la fraude, ni ces corporations exclusives de marchands ou d’ouvriers, ni enfin tout ce que l’esprit mercantile et la fureur de tout régler, pour tout opprimer, ont produit en Europe de vexations absurdes ; et l’exemple de l’Amérique apprendra du moins à en voir l’inutilité et à en sentir l’injustice.

Je n’ai point parlé du commerce de la France avec l’Amérique relativement au tabac, parce que ce n’est point la France qui fait ce commerce, mais la compagnie qui en a le privilége, et dont les intérêts sont absolument étrangers à ceux de la nation, toutes les fois qu’ils n’y sont pas opposés. Avec quelque nation, de quelque manière que se fasse ce commerce, il est toujours également nuisible. Une compagnie n’achètera que d’une autre compagnie ; et quand même on retrouverait encore, en achetant cette denrée des Américains, une partie de l’avantage qui résulte d’un commerce d’échange, comparé à un commerce en argent, les faux frais de toute espèce qu’entraîne un commerce de monopole, sont si supérieurs à cet avantage, qu’il deviendrait presque insensible.

conclusion.

Telles avaient été mes réflexions sur l’influence de la révolution d’Amérique. Je ne crois pas en avoir exagéré l’importance, ni m’être laissé entraîner à l’enthousiasme qu’inspire le noble et touchant spectacle que ce nouveau peuple donne à l’univers.