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Page:Condorcet - Lettre de M. de Condorcet, à M. le comte Mathieu de Montmorency, député du bailliage de Montfort-l'Amaury.pdf/18

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tutionnelles doivent être revues, & la forme de cette réviſion, elles pourront être changées dans tous les tems, & ſous toutes les formes qu’un parti dominant pourra faire adopter. La Conſtitution au lieu d’être librement diſcutée, ſuivant une forme établie par elle-même, le ſera tumultuairement, ſoit dans des Aſſemblées formées ſpontanément par les Citoyens, ſoit dans les Aſſemblées Nationales, agitées par les intérêts ou les paſſions de leurs Membres.

On craint encore que chaque examen de la Conſtitution ne ſoit un tems de troubles. En fixer l’époque, c’eſt au contraire le ſeul moyen de les prévenir. Les peuples ſouffrent patiemment des maux dont ils connoiſſent le terme, & n’emploient pas la violence quand la loi leur préſente un recours aſſuré. Tout peuple vraiement libre diſcute avec tranquillité ſes droits & ſes intérêts ; s’il s’agite, c’eſt qu’un bout de ſes chaînes a échappé à ſes libérateurs, & le bleſſe encore. Rompons-les toutes ; qu’aucune loi, en exigeant de lui une obéiſſance d’une durée indéfinie, ne lui faſſe redouter des maux éternels ; alors il les reſpec-