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LETTRE II.

Paris, 23 Mars.


......On n’a point ici d’avis sur les bleds ; quoiqu’on en parle sans cesse, personne n’a examiné la question, & chacun juge d’après ses préjugés, & sur-tout d’après ses intérêts.

La liberté a contre elle.

1o De bons Bourgeois de Paris qui croient que le Gouvernement ne sauroit trop s’occuper du soin de les nourrir, & à qui on ne fera jamais comprendre que pour que le bled entre dans Paris, il faut lui laisser la liberté de sortir ; que le moyen qu’il vienne moins de bled dans une Ville, c’est de se donner des mouvemens pour en faire venir, & que rien ne fait rencherir le pain, comme les réglemens, pour qu’il soit à bon marché. Ils croyent qu’on déraisonne, quand on les assure qu’on peut acheter du bled sans Conseillers du Roi, Mesureurs de grains, ou Porteurs de sacs,