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Page:Condorcet - Observations de Condorcet sur le vingt-neuvième livre de L'esprit des lois.pdf/17

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sur le xxixe. liv. de l’esprit des lois.

explication tirée des lois de Lacédémone. La différence de la peine peut n’avoir eu d’autre motif que la certitude de l’un de ces vols et la difficulté de prouver l’autre. Et, comme le second n’était puni que par une amende, cette distinction n’est pas déraisonnable ; parce qu’un receleur, un acheteur imprudent, ou à demi de mauvaise foi, pouvaient être, sans injustice, condamnés à cette amende du double. Il y a des cas où nos tribunaux font grâce de la vie, et condamnent aux galères perpétuelles un assassin, un empoisonneur, sous prétexte qu’ils ne sont pas absolument convaincus, mais seulement à très-peu près. C’est une jurisprudence assez naturelle chez un peuple encore à demi sauvage, qui regarde la punition des crimes plus comme un acte de vengeance réglé par la loi, que comme un acte de justice.

La distinction entre la peine des pubères et des impubères n’a besoin, pour être entendue, ni des lois de Lacédémone, ni des raisonnemens de Platon sur les lois de l’île de Crète. Elle est fondée sur ce que les impubères sont supposés n’avoir ni l’usage de leur raison, ni la connaissance distincte des lois de la société.