Aller au contenu

Page:Condorcet - Réflexions sur l’esclavage des nègres, 1781.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
57
sur l’esclavage des Negres

point d’une once leur miſerable nourriture. Mais, colons eux-mêmes, ou vendus aux colons, ils veulent du moins endormir les gouvernemens, arrêter le zele de ceux des gens en place dont l’ame ne s’eſt pas dégradée au point de regarder comme honnête tout ce qu’il est d’uſage de laiſſer impuni. Ils ſemblent craindre, tant ils font honneur à leur ſiecle, que les gouvernemens n’aient pas aſſez d’indifférence pour la juſtice, & que la raison & l’humanité n’aient trop d’empire.

Les loix mêmes que nous avons propoſées, quelques douces qu’elles ſoient, ne ſeroient pas exécutées si elles étoient perpétuelles, si elles exigeoient d’autres preuves qu’une ſimple inſpection, ou l’avis d’un médecin. Ce n’eſt pas au haſard que nous avons fait dépendre, d’un homme de cet état, l’exécution de cette partie des loix. C’eſt dans cette claſſe ſeule, qu’on peut eſpérer de trouver dans les colonies, de l’humanité, de la juſtice, des principes de morale. Les magiſtrats, les employés des différentes puiſſances, ſont tous des hommes qui vont chercher aux Iſles une fortune à laquelle ils ne peuvent prétendre