Page:Condorcet - Réflexions sur l’esclavage des nègres, 1781.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
69
sur l’esclavage des Negres

parce qu’il se trouve parmi eux un grand nombre d’individus pauvres & laborieux, qu’ils sont naturellement ſobres & économes, & qu’il ne ſeroit pas difficile à des Juifs riches d’établir des peuplades ſur des terres diviſées entre des familles auxquelles ils avanceroient les premiers frais de culture & de tranſport, & avec leſquelles ils partageroient le produit. On pourroit même, pour augmenter la facilité, ne les obliger qu’à affranchir chaque année le ſixieme des eſclaves perpétuels, ou pour un tems qu’ils trouveroient dans une habitation déja établie. On entendroit par-là le ſixieme du nombre des Negres ou Negreſſes en état de travailler, qui ſe trouveroient la premiere année dans l’habitation, chaque famille emmenant avec elle ſes enfans au-deſſous de quinze ans. Par ce moyen l’affranchiſſement ſeroit encore très-prompt, & en même tems on donneroit au propriétaire un grand intérêt de conſerver ſes Negres, puiſque la totalité des morts ſeroit en pure perte pour lui.

Ces derniers moyens manqueroient à l’Eſpagne, mais l’Eſpagne ne peut avoir ni lumieres, ni richeſſes, ni population, ni puiſ-