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Page:Condorcet - Sur le choix des ministres.pdf/4

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ſeroient deux conſtitutions également vicieuſes.

Tel eſt le mode de Gouvernement, qui, ſous le nom de Monarchie, s’eſt établi dans pluſieurs Etats, non d’après des médications philoſophiques ſur la nature des pouvoirs, l’ordre des ſociétés & l’intérêt des peuples, mais en vertu d’anciennes habitudes, en obéiſſant aux circonſtances, & alors on a pu dire, ſi tout n’eſt pas bien, du moins tout eſt paſſable.

Prétendre que cette forme eſt incompatible avec la liberté, ou qu’elle eſt la meilleure pour une grande nation, la ſeule qui puiſſe même lui convenir, c’eſt parler d’après-ſes préjugés & ſes paſſions & non d’après ſa raiſon.

Ce feroit une véritable abſurdité que de croire une Nation liée, parce qu’elle a établi une hérédité perpétuelle ; de regarder comme un contrat avec une famille, ce qui n’eſt que la déciſion d’un pouvoir conſtituant, déciſion qu’un pouvoir ſemblable peut révoquer. Toutes les loix qui ne renferment pas le terme de leur durée, ſont perpétuelles dans ce même ſens, c’eſt-a-dire qu’elles doivent ſubſiſter juſqu’à ce qu’elles ſoient détruites par une autorité légitime conſtitutionnellement établie ; & il n’y a de loix