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parti des préjugés, des vices, plutôt que les dissiper ou les réprimer ; c’est de s’occuper plus souvent des moyens de dénaturer l’homme, d’exalter, d’égarer sa sensibilité, que de perfectionner, d’épurer les inclinations et les penchans, qui sont le produit nécessaire de sa constitution morale : erreurs produites par l’erreur plus générale de regarder comme l’homme de la nature, celui que leur offroit l’état actuel de la civilisation, c’est-à-dire, l’homme corrompu par les préjugés, par les intérêts des passions factices, et par les habitudes sociales.

Cette observation est d’autant plus importante, il sera d’autant plus nécessaire de développer l’origine de cette erreur, pour mieux la détruire, qu’elle s’est transmise jusqu’à notre siècle, et qu’elle corrompt encore trop souvent parmi nous et la morale et la politique.

Si l’on compare la législation, et sur-tout la forme et les règles des jugemens dans la Grèce, ou chez les Orientaux, on verra que chez les uns, les lois sont un joug sous lequel la force a courbé des esclaves, chez