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Page:Condorcet Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain.djvu/151

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Comment des relations de voyageurs, des descriptions, dont souvent il n’existoit qu’une copie, qui n’étoient point soumises à la censure publique, auroient-elles pu acquérir cette autorité, dont l’avantage de n’avoir pas été contredites, et d’avoir pu l’être, est la base première ? Ainsi, l’on rapportoit tout également, parce qu’il étoit difficile de choisir avec quelque certitude ce qui méritoit d’être rapporté. D’ailleurs, nous ne sommes pas en droit de nous étonner de cette facilité à présenter avec une même confiance, d’après des autorités égales, et les faits les plus naturels et les faits les plus miraculeux. Cette erreur est encore enseignée dans nos écoles, comme un principe de philosophie, tandis qu’une incrédulité exagérée dans le sens contraire, nous porte à rejeter sans examen tout ce qui nous paroît hors de la nature ; et la science qui peut seule nous apprendre à trouver, entre ces deux extrêmes, le point, où la raison nous prescrit de nous arrêter, n’a commencé à exister que de nos jours.