Page:Condorcet Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain.djvu/169

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(161)

aux conquêtes des Perses, d’Alexandre et des Romains. De ces nombreuses tribus, les unes devoient leur subsistance à l’agriculture ; les autres avoient conservé la vie pastorale : toutes se livroient au commerce, et quelques-unes au brigandage. Réunies par une même origine, par un même langage, par quelques habitudes religieuses, elles formoient une grande nation, dont cependant aucun lien politique n’unissoit les portions diverses. Tout-à-coup s’éleva au milieu d’elles un homme doué d’un ardent enthousiasme et d’une politique profonde, né avec les talens d’un poète et ceux d’un guerrier. Il conçoit le hardi projet de réunir en un seul corps les tribus arabes, et il a le courage de l’exécuter. Pour donner un chef à une nation jusqu’alors indomptée, il commence par élever sur les débris de l’ancien culte une religion plus épurée. Législateur, prophète, pontife, juge, général d’armée, tous les moyens de subjuguer les hommes sont entre ses mains, et il sait les employer avec habileté, mais avec grandeur.

Il débite un ramas de fables qu’il dit