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toire naturelle, de la physique et de l’astronomie. Dans le huitième siècle, un pape ignorant avoit persécuté un diacre pour avoir soutenu la rondeur de la terre, contre l’opinion du rhéteur Augustin. Dans le dix-septième, l’ignorance bien plus honteuse d’un autre pape livra aux inquisiteurs, Galilée, convaincu d’avoir prouvé le mouvement diurne et annuel de la terre. Le plus grand génie que l’Italie moderne ait donné aux sciences, accablé de vieillesse et d’infirmités, fut obligé, pour se soustraire au supplice ou à la prison, de demander pardon à Dieu d’avoir appris aux hommes à mieux connoître ses ouvrages, à l’admirer dans la simplicité des lois éternelles, par lesquelles il gouverne l’univers.

Cependant l’absurdité des théologiens étoit si palpable, que, cédant au respect humain, ils permirent de soutenir le mouvement de la terre, pourvu que ce fût comme une hypothèse, et que la foi n’en reçût aucune atteinte. Mais les astronomes ont fait précisément le contraire ; ils ont cru au mouvement réel de la terre, et ont