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Page:Condorcet Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain.djvu/259

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dans une suite de raisonnemens, sans jamais risquer de nous égarer.

Au contraire, si les mots ne répondent point à une idée bien déterminée, ils peuvent successivement en réveiller de différentes dans un même esprit, et telle est la source la plus féconde de nos erreurs.

Enfin, Locke osa, le premier, fixer les bornes de l’intelligence humaine, ou plutôt, déterminer la nature des vérités qu’elle peut connoître, des objets qu’elle peut embrasser.

Cette méthode devint bientôt celle de tous les philosophes, et c’est en l’appliquant à la morale, à la politique, à l’économie publique, qu’ils sont parvenus à suivre dans ces sciences une marche presque aussi sûre que celle des sciences naturelles ; à n’y plus admettre que des vérités prouvées, à séparer ces vérités de tout ce qui peut rester encore de douteux et d’incertain ; à savoir ignorer, enfin, ce qu’il est encore, ce qu’il sera toujours impossible de connoître.

Ainsi, l’analyse de nos sentimens nous