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la fondoit principalement sur ce qu’une intelligence toute-puissante, par la nécessité même de sa nature, n’avoit pu choisir que le meilleur des univers possibles ; ils cherchèrent, dans l’observation du nôtre, la preuve de sa supériorité, et perdant tous les avantages que conserve ce systême, tant qu’il reste dans une abstraite généralité, ils s’égarèrent trop souvent dans des détails ou révoltans, ou ridicules.

Cependant, en Écosse, d’autres philosophes ne trouvant point que l’analyse du développement de nos facultés réelles conduisît à un principe, qui donnât à la moralité de nos actions une base assez pure, assez solide, imaginèrent d’attribuer à l’ame humaine une faculté nouvelle, distincte de celles de sentir ou de raisonner, mais se combinant avec elles, faculté dont ils ne prouvoient l’existence qu’en assurant qu’il leur étoit impossible de s’en passer. Nous ferons l’histoire de ces opinions, et nous montrerons comment, si elles ont nui à la marche de la philosophie, elles ont été utiles à la propagation plus rapide des idées philosophiques.

Jusqu’ici nous n’avons montré les pro-