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en se montrant assez pour ne rien perdre de leur gloire.

Souvent un gouvernement les récompensoit d’une main, en payant de l’autre leurs calomniateurs, les proscrivoit, et s’honoroit que le sort eût placé leur naissance sur son territoire, les punissoit de leurs opinions, et auroit été humilié d’être soupçonné de ne pas les partager.

Ces opinions devoient donc devenir bientôt celles de tous les hommes éclairés, avouées par les uns, dissimulées par les autres avec une hypocrisie plus ou moins transparente, suivant que leur caractère étoit plus ou moins timide, et qu’ils cédoient aux intérêts opposés de leur profession ou de leur vanité. Mais déjà celui-ci étoit assez puissant, pour qu’au lieu de cette dissimulation profonde des âges précédens, on se contentât pour soi-même et souvent pour les autres d’une réserve prudente.

Nous suivrons les progrès de cette philosophie dans les diverses parties de l’Europe, où l’inquisition des gouvernemens et