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Page:Condorcet Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain.djvu/279

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devoit être plus entière et plus prompte, mais plus orageuse ; l’autre plus lente, plus incomplète, mais plus tranquille ; dans l’une, on devoit acheter la liberté et le bonheur par des maux passagers ; dans l’autre, on évitoit ces maux, mais en retardant pour long-temps, peut-être, la jouissance d’une partie des biens que cependant elle devoit infailliblement produire.

La corruption et l’ignorance des gouvernemens ont préféré le premier moyen, et le triomphe rapide de la raison et de la liberté a vengé le genre humain.

Le simple bon sens avoit appris aux habitans des colonies britanniques, que des Anglois, nés au delà de l’Océan Atlantique, avoient reçu de la nature, précisément les mêmes droits que d’autres Anglois nés sous le méridien de Greenwich, et qu’une différence de soixante-dix degrés de longitude n’avoit pu les changer. Ils connoissoient, peut-être mieux que les Européens, quels étoient ces droits communs à tous les individus de l’espèce humaine, et ils y comprenoient celui de ne payer aucune