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part, été remplacée par cette identité d’intérêt, qui n’en est que le foible et hypocrite supplément ; comment on y a substitué les limites des pouvoirs, à ce vain équilibre si long-temps admiré ; comment, dans une grande nation, nécessairement dispersée et partagée en un grand nombre d’assemblées isolées et partielles, on a osé, pour la première fois, conserver au peuple son droit de souveraineté, celui de n’obéir qu’à des lois dont le mode de formation, si elle est confiée à des représentans, ait été légitimé par son approbation immédiate ; dont, si elles blessent ses droits ou ses intérêts, il puisse toujours obtenir la réforme, par un acte régulier de sa volonté souveraine.

Depuis le moment où le génie de Descartes imprima aux esprits cette impulsion générale, premier principe d’une révolution dans les destinées de l’espèce humaine, jusqu’à l’époque heureuse de l’entière et pure liberté sociale, où l’homme n’a pu remplacer son indépendance naturelle, qu’après avoir passé par une longue suite de siècles d’esclavage et de malheur, le tableau du progrès des sciences mathématiques et physiques