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trahisons, de vexations et de crimes. Ces nations de l’Europe apprendront enfin que les compagnies exclusives ne sont qu’un impôt mis sur elles, pour donner à leurs gouvernemens un nouvel instrument de tyrannie.

Alors les Européens, se bornant à un commerce libre, trop éclairés sur leurs propres droits pour se jouer de ceux des autres peuples, respecteront cette indépendance, qu’ils ont jusqu’ici violée avec tant d’audace. Leurs établissement, au lieu de se remplir de protégés des gouvernemens qui, à la faveur d’une place ou d’un privilége, courent amasser des trésors par le brigandage et la perfidie, pour revenir acheter en Europe des honneurs et des titres, se peupleront d’hommes industrieux, qui iront chercher dans ces climats heureux l’aisance qui les fuyoit dans leur patrie. La liberté les y retiendra, l’ambition cessera de les rappeler, et ces comptoirs de brigands deviendront des colonies de citoyens qui répandront, dans l’Afrique et dans l’Asie, les principes et l’exemple de la liberté, les lumières et la raison de l’Europe. À ces