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Page:Condorcet Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain.djvu/94

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qu’ils soient l’ouvrage d’un philosophe qui, par une inscription placée sur la porte de son école, en défendoit l’entrée à quiconque n’auroit pas étudié la géométrie ; et que celui qui débite avec tant d’audace des hypothèses si creuses et si frivoles, ait été le fondateur de la secte, où l’on a soumis pour la première fois, à un examen rigoureux, les fondemens de la certitude des connoissances humaines, et même ébranlé ceux qu’une raison plus éclairée auroit fait respecter.

Mais la contradiction disparoît, si l’on songe que jamais Platon ne parle en son nom ; que Socrate son maître s’y exprime toujours avec la modestie du doute ; que les systêmes y sont présentés, au nom de ceux qui en étoient, ou que Platon supposoit en être les auteurs : qu’ainsi ces mêmes dialogues sont encore une école de pyrrhonisme, et que Platon y a su montrer à la fois l’imagination hardie d’un savant qui se plaît à combiner, à développer de brillantes hypothèses, et la réserve d’un philosophe qui se livre à son imagination, sans se laisser entraîner par elle ; parce que sa