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Page:Conférence de la Paix - Pétition présentée par la Délégation coréenne, 1919.djvu/6

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Violation de l’Indépendance Coréenne par le Japon.

4. — Une telle violation de l’Indépendance de la Corée fut perpétrée par le Japon lorsque le Gouvernement japonais — par un acte frauduleux appuyé de l’emploi de la force — imposa la conclusion du Traité du 22 Août 1910, par lequel le dit Empereur de Corée fut obligé de faire la cession d’une façon "complète et permanente à S. M. l’Empereur du Japon de tous ses droits de souveraineté sur la totalité de la Corée" (Art. I du traité.) et la remise de sa population de plus de 15 millions de Coréens.

Les Protestations Coréennes.

5. — Contre cette annihilation de la souveraineté coréenne et l’incorporation de leur pays en une province japonaise, le peuple coréen et la nation toute entière ont toujours protesté et protestent encore énergiquement.

6. — Ces protestations se renouvellent continuellement et se font plus véhémentes chaque jour devant les méthodes appliquées par le Japon dans l’administration de la Corée. Par leur rudesse et leur efficience ces méthodes dépassent de beaucoup celles employées par les Prussiens à Posen, au Schleswig-Holstein, en Alsace-Lorraine[1].

Le Japon, non seulement de nom mais de fait, est absolument décidé à transformer la Corée en une province japonaise. Il tend à arriver à ses fins en détruisant, sans aucun scrupule ni pitié, les racines les plus profondes du patriotisme coréen : l’amour du sol, la langue et l’histoire nationales ; en "contrôlant" sévèrement les deux forces : Éducation et Richesse, qui rendraient illusoire toute l’organisation dirigée en vue de la destruction du patriotisme coréen.

Le Contrôle Japonais de l’Éducation et de la Richesse Coréennes.

7. — Toute branche de l’éducation sujette à caution et pouvant encourager ce que le Comte Téraoutchi — ce pro-consul japonais qui annexa la Corée — appelait "Les idées dangereuses" est interdite ou enseignée dans un sens complètement dénaturé dans les écoles coréennes sous le contrôle du Gouvernement. Il est absolument interdit aux étudiants coréens de se rendre en Europe ou aux États-Unis pour parfaire leur éducation moderne même à leurs propres frais !

8. — Presque chaque Coréen un peu aisé est obligé de supporter dans sa maison un inspecteur japonais contrôlant ses propriétés et ses revenus. Les Coréens ayant des dépôts d’argent en banque — qui sont toutes des établissements japonais — ne peuvent en retirer des sommes un peu importantes sans être obligés de déclarer nettement l’emploi qu’ils veulent en faire !

  1. 

    "Une organisation systématique d’espionnage est inaugurée en Corée. Chaque individu doit être enregistré sous un numéro matricule, connu de la police. Chaque fois qu’il quitte son village ou la ville il doit en faire la déclaration à la Police et donner toutes les explications nécessaires sur son déplacement, dire ce qu’il va faire ou entreprendre dans sa nouvelle résidence etc., le poste de Police téléphone immédiatement à ce nouvel endroit et, si la réponse n’est pas absolument conforme à la déclaration, l’individu est arrêté séance tenante et jeté en prison. Une stricte classification méthodique est faite de tous les individus d’après leur éducation, leur situation, leur influence etc… Aussitôt qu’un individu commence à montrer quelques aptitudes, qualités ou influences, on le classe immédiatement dans la catégorie "A" et des détectives sont mis à ses trousses. Il est comme un homme marqué-au-fer dont les moindres mouvements sont surveillés.

    Même les enfants sont également surveillés et questionnés comme moyen d’information. Si un Coréen parvient à s’échapper du Pays, son numéro matricule est tout de suite signalé, ses parents ou les membres de sa famille sont arrêtés, et soumis à la torture jusqu’à ce qu’ils révèlent l’endroit de sa retraite. D’autres fois, un individu disparaît subitement et on n’entend plus parler de lui. Ces procédés, tout prussiens, n’ont d’autre but que de détruire l’espoir et la conscience d’un peuple !

    Cette politique est aussi appliquée dans l’Éducation par l’interdiction d’enseigner l’Histoire et la Géographie Coréennes… Exclusion est également prononcée de toute Histoire et littérature européennes… Défense est faite aux étudiants coréens de se rendre à l’étranger pour s’instruire ; en somme, il est interdit d’exprimer, sous quelque forme que ce soit, les idées ou les aspirations coréennes. Un étudiant fut condamné à trois ans de prison et à 300 dollars d’amende pour avoir été surpris a chanter une chanson nationale coréenne."

    (Extrait d’un article de Journal paru récemment aux États-Unis, signé J. E. Moore, citoyen Américain, né en Corée.)