SUR
LES AVEUGLES DE JÉRICHO
Par Nicolas POUSSIN
Le tableau qui fut porté à l’Académie pour être examiné par M. Bourdon est encore de la main de M. Poussin, et d’une grandeur pareille à celui de la manne, dont l’on fit des remarques dans la dernière assemblée ; mais il est aussi différent de celui-ci dans son ordonnance que dans le sujet qu’il traite. Celui de la manne représente un lieu aride et désert, une lumière sombre et mélancolique, des personnes tristes et languissantes, et enfin c’est la vraie image d’une terre inculte, où les enfants d’Israël sont dans une extrême misère. Tout au contraire, dans celui dont je veux parler, le jour y est clair et serein, l’on y découvre un pays divertissant et des objets agréables, et l’on n’y voit guère de figures qui ne paroissent avec la joie sur le visage.
Le soleil n’étant pas encore fort élevé sur l’horizon, les rochers et les bâtiments jettent de grandes ombres et les arbres et le pied des montagnes paroissent encore chargés de
- ↑ Note Wikisource : cette illustration ne fait pas partie de l’ouvrage ici transcrit.