Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/171

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touchant à un point très sensible ; car il faut avouer qu’il n’y a rien qui soit capable de donner tant de plaisir que de voir ensemble ce qui fait la perfection de la peinture.

Le sujet de ce tableau, qui est l’enlèvement de Déjanire, femme d’Hercule, par le centaure Nessus, est magnifiquement traité et fort bien exprimé. L’on voit la joie, fort bien dépeinte dans le visage brutal du centaure, d’être venu à bout de son entreprise du ravissement de sa belle proie ; il est dans l’action de la mettre à terre. Ses deux bras élevés lui font faire une attitude avantageuse à faire voir la beauté des bras et des épaules aussi bien que du corps, qui toutes ensemble conspirent à faire l’expression d’un effort extraordinaire, et qui font voir en même temps toutes les belles parties du corps qui sont traitées avec tendresse, nonobstant la force qu’il leur a donnée.

Mais il me semble, Messieurs, qu’on pourrait néanmoins désirer que les contours du bras, du côté du jour, fussent moins coupés et plus adoucis, parce que sans doute cela empêche d’arrondir ces parties-là.

Déjanire exprime, dans le tout ensemble de sa figure, la douleur qui l’occupe ; sa tête est admirable, et semble implorer le ciel d’avoir égard à son malheur et de la secourir dans l’extrémité où elle se trouve : il serait difficile de désirer quelque