Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/178

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traitait en faisait régner le caractère dans toutes les parties de son ouvrage, et, se conformant à la proportion harmonique que les musiciens observent dans leurs compositions, il voulait que, dans ses tableaux, toutes choses gardassent des accords réciproques et conspirassent à une même fin. Ainsi, dans le tableau que nous examinons, ayant traité la maladie contagieuse et la désolation des Philistins, il en avait établi le caractère lugubre par une lumière faible, par des teintes sombres et par une langueur qui paraissait dans le mouvement de chaque figure. Par cette pratique judicieuse, il inspirait la tristesse dans l’âme des spectateurs, comme il leur avait inspiré la joie à l’aspect du tableau de Rébecca, où le sujet, égayé de soi-même, lui avait demandé une lumière plus forte, des couleurs plus vives et des attitudes plus animées. On a jeté, comme par force, cette remarque dans la préface des conférences imprimées en 1669[1], sans avoir spécifié de quelle source elle vient, comme si on eût appréhendé de citer un nom obscur et indigne de la préface. »

Nous ne donnons point le début du compte-rendu de Guillet de Saint-Georges, où se trouve une longue description du tableau de Poussin, à laquelle sans doute fait allusion la note suivante du même auteur qu’on a jointe au cahier contenant la conférence sur le tableau de Rébecca  : « On ne doit point trouver étrange que je fasse un détail des parties du tableau et que j’en distingue les diverses expressions, puisqu’elles justifient que le peintre est parfaitement entré dans l’histoire qu’il a traitée, ce qui est son but principal ; ainsi on ne trouvera pas mauvais que je donne ici le tableau d’un tableau. » Guillet de Saint-Georges y étale une érudition aussi déplacée que sujette à caution ; après quoi il loue

  1. Conférences de l’Académie Royale de Peinture, par Félibien, dont Guillet de Saint-Georges est l’ennemi.