Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/190

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comme étant l’objet principal de tout cet ouvrage.

L’on pourrait dire que la tête, quoique admirable en elle-même par le bel air qu’elle a et par la singulière beauté avec laquelle elle est peinte, parait néanmoins un peu grosse, que la main qui fait action de bénir le pain est un peu fortement ployée au dessus ; mais c’est l’effet du choix qu’il a fait d’une main souple, comme il se connaît lorsqu’on fait faire la même attitude à des personnes qui ne font point de travaux pénibles.

Mais il faut convenir que le tout ensemble dans l’intention de cette figure est à considérer pour la beauté du pinceau, et que l’on passe volontiers pardessus les réflexions qu’on pourrait faire ; car elle ne laisse pas d’avoir de la majesté, et réussit très bien comme ayant voulu représenter l’objet de l’attention des disciples et le moment qui leur devait ouvrir les yeux et qui devait faire l’effet des instructions qu’il leur avait faites par le chemin, s’étant réservé cet instant pour leur faire connaître la vérité de sa résurrection par la consécration du pain en la réalité de son corps, comme le témoignent les saints Pères de l’Église.

Les deux différentes attitudes des disciples marquent très bien la diversité de leur mouvement intérieur, et il semble que celui qui ouvre les bras (qui est vêtu de vert) est dans une surprise étonnante, voyant les apparences d’un mystère dans