Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/78

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les couleurs les plus capables d’imposer aux yeux et de les tromper.

[1] C’est de cette dernière dont j’entends parler et dont on abaissa si fort le mérite dans une des dernières conférences, où il fut décidé qu’elle était de peu de conséquence et qu’il ne fallait s’attacher qu’au dessin.

Cette décision a été donnée, à mon avis, avec un peu trop de précipitation, et sans avoir suffisamment entendu les raisons qui peuvent établir une opinion plus reçue et plus conforme à la vérité.

8. Il me semble donc, Messieurs, que, pour la défense de la couleur on peut établir raisonnablement trois choses :

9. La première, que la couleur est aussi nécessaire dans l’art de la peinture que le dessin.

10. La deuxième, qu’en diminuant le mérite de la couleur on diminue celui des peintres.

11. Et la troisième, que la couleur a mérité les louanges de l’antiquité et qu’elle mérite encore celles de notre siècle.

12. I. La première vérité que j’avance s’établira facilement, si vous faites rétlexion que, dans quelque art que ce soit, il y faut recevoir toutes les parties qui le composent, et que qui en retrancherait la moindre chose en retrancherait autant

  1. Les deux alinéas suivants ont été barrés dans le manuscrit, sans doute comme pouvant choquer quelques académiciens.