Page:Conférences sur la reliure et la dorure des livres.djvu/27

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de notre art. Pour arriver à produire vite et à moins de frais, les doubles nerfs ont d’abord été remplacés par des simples, qui bientôt ont disparu pour faire place à la couture à la grecque. Je ne parle pas de la couture à l’allemande, qui est pour moi la plus grande supercherie qui ait été inventée dans notre métier, ni de la couture au fil de laiton qui est d’invention toute moderne, et utilisable seulement pour les cartonnages faits mécaniquement et en grande quantité.

Revenons maintenant aux ais de carton.

Les ais de carton étaient, à l’origine, composés de plusieurs feuilles de papier collées les unes contre les autres et passées ensuite en presse pour les aplatir et les égaliser. Voici un fragment de plat d’après lequel vous pourrez vous en rendre compte. Il est fait très certainement avec au moins une vingtaine de feuilles de papier ; sa rigidité, si elle n’est pas égale à celle du bois, est malgré cela suffisamment forte pour servir à faire une bonne reliure.

J’ai eu dernièrement la bonne fortune de trouver une reliure exécutée en 1498, dont les ais ne sont pas en bois, mais composés de lamelles de papier, qui, dans leur disposition, sont imbriquées les unes aux autres, dans le sens de la largeur du volume, c’est-à-dire que chacune d’elles est recouverte sur le bord par le bord de sa voisine, et que le tout est disposé comme le sont les briques d’un toit. Elles sont ensuite maintenues entre elles par de larges bandes de papier collées dans le sens inverse.

Il est évident que l’artisan qui, à l’époque, a imaginé ce genre de carton, avait une idée : celle d’obtenir un plat non seulement plus léger, mais aussi plus souple que ceux composés de feuilles de