Page:Conférences sur la reliure et la dorure des livres.djvu/45

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primitifs, plus soignés ; des branches de feuillages courent élégamment le long des compositions qu’ils entourent, et quand il y a de l’architecture, elle s’est modifiée en devenant plus souple et à la fois plus riche.

Je vous ai apporté quelques très beaux spécimens, rares et curieux ; nous allons les examiner par ordre de date.

Jacques Le Clerc, relieur en 1513, décorait ses reliures avec des plaques à froid, composées de rinceaux fleuris, renfermant des animaux chimériques accompagnés de filets, et d’une légende dans laquelle il faisait figurer son nom gravé dans le métal. Ce genre, très spécial à l’époque, fut adopté par beaucoup de relieurs en même temps; et s’il y a parfois dans les détails de l’ornementation quelque différence, le parti-pris reste toujours le même. Ces plaques étaientgénéralement répétées deux fois sur le même plat et reliées entre elles par des motifs gravés séparément. On lit sur cette reliure de Jacques Le Clerc : Ligat’ Per Man’ Jacobi Clerici Qui Petit A Malis Et Nc Et Semper Protegi Per Manus Domini. Ce qui se traduit ainsi : Relié par les mains de Jacques Le Clerc qui demande à être protégé des méchants à présent et toujours par les mains du Seigneur.

Je possède de Jehan Norvis, une petite reliure recouverte d’une charmante composition. Au premier plat, sous un fronton architectural se trouve l’image de saint Michel terrassant le dragon ; en bas un écusson qui doit contenir la marque abrégée du relieur.

Au second plat, sous une architecture encore plus riche, on voit la scène de Bethsabée au bain, entourée de ses servantes, et dans le fond apparaît à une fenêtre le roi David, de face à mi-corps. En