Page:Conférences sur la reliure et la dorure des livres.djvu/66

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reliures simples et médiocrement traitées. Si, comme je le crois, Clovis Eve a été l’innovateur de ces riches compositions de compartiments de lignes garnies de spirales, de branches de feuillages et de petits fers dont nous retrouvons de si jolis spécimens, il a été, à son temps, un des grands vulgarisateurs de l’art de la reliure. Je le trouve exerçant depuis 1596 jusque vers 1620, et conservant sa charge de relieur du roi sous Louis XIII.

Nous pouvons sûrement formuler une attribution de paternité aux reliures de Nicolas Eve, Georges Drobet, Claude le Villain et Clovis Eve, toutes les fois que, à l’intérieur de l’ouvrage, nous trouvons sur le titre leurs nom, qualité et adresse, c’était pour eux la manière de signer leurs œuvres. Voilà une petite Semaine-Sainte, faite pour Louis XIII, dont la reliure porte la fleur de lys, alternée avec le chiffre couronné du roi et qui, à l’intérieur, commence par un titre gravé sur lequel on lit : A Paris, chez Clovis Eve, relieur du Roy, rue Saint-Jacques, au Lion d’argent. Ce titre gravé remplaçait celui en typographie de l’édition et restait la marque ou signature du relieur.

Sous le règne suivant, qui est communément appelé le siècle du grand roi, du Roi-Soleil, à cause du développement nouveau que reprennent les beaux-arts et la littérature, les reliures se multiplient à l’infini ; les livres donnés en prix dans les collèges sont eux-mêmes couverts de dorure, mais cette décoration n’a rien de particulier à l’époque, et c’est toujours le semé qui en est le fond principal. Les quelques lignes, servant à donner un peu d’originalité dans l’ornementation, sont insignifiantes et les petits fers, quelquefois répandus en grande profusion et sans méthode, ne sont absolument employés que comme remplissage. La