Page:Conquete de Constantinople de Villehardouin - Wailly.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xx
NOTE EXPLICATIVE DE LA CARTE.

la finale du nom de Conacople doit être distinguée du mot πόλις terminant les noms de Constantinople, Andrinople, Arcadiople, Cariople, Finepople, et nous indique aussi la situation de ce « casal » dans la région d’Axamil et de Gallipoli[1]. Nous pouvions, en assimilant le château appelé Le Frain par Ville-Hardouin à la forteresse nommée Ephraïm par les auteurs byzantins, le placer sur notre carte, en nous référant à celle de Spruner[2], au nord d’Andrinople et tout près de cette ville ; mais, d’une part, cette situation ne nous semble pas ressortir du récit du chroniqueur français, et, d’autre part, le récit de Cantacuzène, le seul historien grec chez lequel nous ayons rencontré le nom d’Éphraïm, ne permet pas d’en deviner le véritable emplacement[3]. Nous n’avons pas cru non plus devoir suivre Spruner dans la détermination de l’emplacement de Pamphile (Pamphilos), cité épiscopale de la Thrace relevant d’Héraclée, mentionnée dans divers auteurs grecs, et dans le traité de partage de 1204[4] : il eut été regrettable d’assigner à cette ville, que Spruner place à une vingtaine de lieues au sud-sud-est d’Andrinople, un emplacement problématique au milieu de nombreuses villes de la Thrace dont la situation ne laisse aucun doute.

On a toutefois mentionné sur la carte quelques localités dont la position, bien que n’étant pas fixée d’une façon indiscutable, nous semblait pouvoir être indiquée avec une précision relative. C’est ainsi que, tout en identifiant le Crucemont de Ville-Hardouin et le Krytzimos de Georges Acropolite[5], nous n’avons pas adopté l’emplacement assigné à ce lieu par Spruner ; nous l’avons légèrement rapproché de Philippopolis en le considérant comme le Kritschma des Turcs. En marquant Espigal sur le rivage de la Propontide, à l’ouest de Cyzique, nous nous sommes conformé à une tradition reçue chez tous les géographes des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles ; cette tradition étant nécessairement occidentale, nous avons cru devoir préférer la forme française Espigal au nom grec Pegai, qui désigne la même ville dans Nicétas Choniate[6]. Une raison identique nous a porté à inscrire sous le nom que lui assignent nos anciens chroniqueurs le château

  1. Le traité de partage mentionne dans le lot des Vénitiens : « Casalia de Raulatis et Examilli, pertinentia Gallipoli, Cortocopi casalia. » (Buchon, Recherches et matériaux pour servir à une histoire de la domination française en Orient, p. 12-13.)
  2. La carte de Spruner à laquelle se rapportent nos diverses observations est celle de l’empire byzantin du onzième au douzième siècle.
  3. Cantacuzène, 1. III. c. 66.
  4. « Civitas Panfili cum omnibus que sub ipsa. » (Buchon, Recherches et matériaux, p. 12.)
  5. G. Acropolite, c. 54.
  6. Nicétas, Balduinus Flander. c. i.