accablé. L’amateur de flûte commença par expliquer que sa visite était due à une faveur spéciale du colonel.
— Je lui ai représenté qu’il n’était que juste de vous apporter des nouvelles authentiques de votre adversaire, poursuivit-il. Vous serez heureux d’apprendre qu’il se rétablit rapidement.
Le visage du lieutenant d’Hubert n’exprima aucune des marques ordinaires de la joie. Il continuait d’arpenter la pièce poussiéreuse et nue.
— Prenez donc un siège, docteur, grommela-t-il.
Le chirurgien s’assit.
— L’affaire a été appréciée de façons diverses, tant en ville qu’à l’armée. A vrai dire, les divergences d’opinion sont amusantes.
— A coup sûr ! marmonna d’Hubert, sans interrompre sa promenade monotone, et non sans s’étonner, en secret, qu’il pût y avoir deux opinions sur l’affaire.
Le chirurgien reprit :
— Évidemment, on ne connaît pas exactement les faits.
— Je pensais, interrompit d’Hubert, que cet individu vous aurait mis au courant.
— Il a bien dit quelque chose, la première fois que je l’ai vu, concéda l’autre. Et, à propos, c’est bien dans le jardin que je l’ai trouvé. Le coup qu’il avait reçu sur le derrière de la tête l’avait rendu un peu incohérent. Par la suite, il s’est montré plutôt réticent.
— Je ne m’attendais pas à ce qu’il eût le bon sens de témoigner quelque honte, grommela d’Hubert, qui reprit sa promenade, tandis que le chirurgien murmurait :
— Très amusant ! De la honte ? Ce n’était pas précisément son état d’esprit. Vous, évidemment, vous pouvez considérer les choses sous un angle différent.
— Les choses ? De quoi parlez-vous ? demanda d’Hubert,