jour plus de force, regrettait un peu, malgré sa fierté, un avancement récent, où elle voyait une marque évidente de la faveur de l’usurpateur, qui pourrait par la suite nuire à la carrière de son frère. D’Hubert lui répondit qu’un ennemi irréconciliable pouvait seul attribuer sa promotion à la faveur, et quant à sa carrière, il ne regardait pas plus loin dans l’avenir que la prochaine bataille.
Commençant la campagne de France dans cette disposition chagrine, le général d’Hubert fut blessé au second jour de la bataille de Laon. Comme on l’emportait, il apprit que le colonel Féraud, promu général à l’instant, venait d’être envoyé pour le remplacer à la tête de sa brigade. Il se laissa aller à maudire sa malchance, sans voir du premier coup d’œil, tous les avantages d’une mauvaise blessure. C’est pourtant par cette héroïque méthode que la Providence assurait sa fortune. En gagnant lentement avec un vieux domestique de confiance la maison de sa sœur, le général d’Hubert échappait aux contacts humiliants et aux perplexités de conduite qui assaillirent les serviteurs de l’Empire au jour de sa chute. Couché sur son lit, avec les fenêtres de sa chambre larges ouvertes au soleil de Provence, il comprit l’évidente faveur conférée par ce fragment déchiqueté d’obus prussien qui, en tuant son cheval et en déchirant sa cuisse, lui avait épargné un conflit actif de conscience. Après quatorze années passées en selle et sabre au clair, et avec le sentiment du devoir accompli jusqu’au dernier jour, le général d’Hubert trouva dans la résignation une vertu facile. Sa sœur était ravie de sa sagesse. — Je me remets entièrement entre tes mains, ma chère Léonie, lui avait-il dit.
Il était encore couché lorsque, grâce au crédit de la belle famille de sa sœur, il reçut du gouvernement royal non seulement la confirmation de son grade, mais l’assurance de son maintien en activité. A cette faveur