Page:Conrad - Gaspar Ruiz, trad. Néel.djvu/28

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arrêts, pour mon intervention en faveur des prisonniers. Au crépuscule, tristement assis dans ma chambre, je perçus dans le lointain trois salves et je crus que je n’entendrais jamais plus parler de Gaspar Ruiz. Nous devions le revoir, pourtant, bien que le sergent se vantât de lui avoir coupé le cou avec son sabre, après l’avoir trouvé mort ou expirant sous le tas des fusillés. Il avait fait cela, à l’en croire, pour débarrasser le monde d’un traître redoutable.

Je vous avoue, Messieurs, que je songeais à ce colosse avec une sorte de gratitude et quelque admiration. Il avait fait de sa force un honorable usage. Son âme n’abritait pas une férocité correspondant à la vigueur de son corps.