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Page:Conrad - Gaspar Ruiz, trad. Néel.djvu/85

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éteintes là… Il frappait sa large poitrine. Il vit toujours, toujours, proclama-t-il avec une emphase mi-sérieuse, mi-comique. Mais je ne me marierai jamais. Et vous avez vu la fille adoptive et l’héritière du général Santierra.

Un de nos commensaux, un jeune officier de marine, parlait de cette fille adoptive, comme d’une vieille fille, petite et grassouillette, d’une quarantaine d’années. Nous avions tous remarqué que ses cheveux grisonnaient et qu’elle avait de très beaux yeux noirs.

— Elle non plus, poursuivait le général Santierra, elle n’a jamais voulu entendre parler de mariage. Une vraie calamité ! Bonne, patiente, dévouée au vieillard que je suis. Une âme simple. Mais je ne conseillerais à aucun de vous de lui demander sa main, car si elle prenait votre main à vous dans la sienne, ce ne serait que pour vous broyer les os. Ah ! elle ne badine pas sur ce sujet-là. Et c’est bien la fille de son père, l’homme fort qui périt par sa propre force, — la force de son corps, de sa simplicité, de son amour !