Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/195

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qui était certain c’est que les malles des Chinois, au début de la traversée avaient été fixées de manière à pouvoir affronter n’importe quelle tempête de ce monde ; mais ce qui s’était rué sur nous était quelque chose de tellement diabolique que rien ne peut vous en donner l’idée.

» Cependant moi je ne tenais presque plus sur mes jambes. Il n’y avait plus de relève pour aucun de nous depuis près de trente heures ; et le vieux restait là, à se frotter le menton, à se gratter le crâne, si embêté qu’il ne songeait même pas à enlever ses bottes.

— « J’espère capitaine, lui ai-je dit, que vous n’allez tout de même pas les lâcher sur le pont avant que nous ayons pris nos mesures d’une manière ou d’une autre ? Non pas que je me sentisse particulièrement féroce contre ces gueux ; mais les démêlés avec les Chinois n’ont jamais été jeux d’enfants. Surtout je me sentais éreinté. « Par pitié, lui dis-je, laissez-nous donc leur jeter en tas leurs dollars et allons nous reposer pendant qu’ils règleront à coups de griffes le partage.