Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/64

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Mais sitôt que ce violent roulis se fut un peu calmé, il reprit :

— « C’est un petit peu trop d’une bonne chose. Quoiqu’il en soit, je trouve qu’on devrait mettre debout à la lame. Le vieux vient de rentrer se coucher. Qu’on me pende si je ne vais pas lui en parler. »

Il ouvrit la porte de la chambre de veille : Non ! le capitaine Mac Whirr n’était pas couché ; il se tenait debout agrippé d’une main au rebord de la tablette ; de l’autre main il maintenait ouvert un gros volume dans lequel son regard plongeait. La lampe du plafond ballottait ; les livres desserrés se culbutaient sur la planchette ; le long baromètre décrivait des cercles saccadés ; la table à chaque instant modifiait sa pente. Au milieu de ce chahut, le capitaine Mac Whirr toujours ferme leva les yeux de dessus le livre et demanda :

— « Qu’est-ce qu’on me veut ?

— Capitaine, la houle augmente.

— Ça se remarque ici », grommela Mac Whirr ; « rien de fâcheux ? »

Jukes, déconcerté par la gravité du