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Page:Conscience - Le Chemin de la fortune.djvu/29

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d’or aussi gros que le poing ! s’écria Donat. Je n’aimerais guère perdre le lobe de ma seconde oreille.

— Et les camarades de la montagne ? objecta Victor. Irions-nous perdre l’argent qui leur appartient ? D’ailleurs, on se bat sans doute là-dedans…

Le mot n’était pas sorti de sa bouche qu’un coup de pistolet retentit dans la tente. Un mouvement violent agita le groupe de joueurs, et il s’ouvrit immédiatement pour laisser passer quelques hommes qui portaient un cadavre ou un mourant par les bras et par les jambes, tandis qu’au-dessus de leurs têtes brillaient encore des couteaux menaçants et que d’affreuses imprécations remplissaient l’air. La victime qu’ils emportaient hors de la maison de jeu avait reçu une balle dans la poitrine ; le sang coulait encore de l’horrible blessure.

Les porteurs, qui n’étaient pas moins furieux et ne juraient pas moins que leurs ennemis, disparurent derrière la tente… Tout, dans la maison, reprit son train habituel et on entendit de nouveau la voix du banquier dominer le murmure des