Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/13

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— Arrêtez ! cria-t-il aux hommes d’armes, du ton d’un homme habitué à commander, que personne ne bouge, et, se tournant vers le comte de Châtillon :

— Messire, dit-il, la Flandre est un fief que je tiens de mon frère et roi Philippe de France. Ce Flamand est mon vassal, et sa vie n’appartient qu’à moi seul. Il me semble que vous l’oubliez bien facilement !…

— Faut-il donc qu’un vil bourgeois m’insulte impunément ? répondit Châtillon avec colère. En vérité, comte, il est incroyable que vous défendiez toujours les vilains contre les nobles ? Ce Flamand pourra-t-il se vanter d’avoir impunément outragé un chevalier français ? Et, n’a-t-il pas mérité la mort ?

— Monseigneur de Valois[1], dit Saint-Pol, que fait à Votre Altesse la vie de ce vassal entêté ?…

— Écoutez, messires, s’écria Charles de Valois d’une voix irritée, je vous défends de tenir devant moi un pareil langage. J’estime plus haut la vie d’un de mes sujets. Laissez aller ce jeune homme… À cheval, messires ! c’est perdre trop de temps !

— Allons, murmura Saint-Pol à l’oreille de son frère, ne réponds pas, prends le cheval de ton écuyer et partons. Monseigneur de Valois sera toujours un incorrigible et incrédule défenseur du menu peuple.

  1. Charles, second fils de Philippe le Hardi, était comte de Valois, d’Alençon et du Perche. Il avait reçu de son frère, Philippe le Bel, le commandement de l’armée française, et avait conquis le pays de Flandre.