Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/148

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trats, puis ils descendirent de l’estrade, et remontèrent à cheval. Le cortége reprit alors sa marche et s’avança lentement, à travers les diverses rues de la ville, vers le château des princes[1] où les attendait un splendide festin et auquel prirent part les principaux seigneurs et léliards. En même temps les gens des métiers regagnèrent leur demeure, et la solennité fut terminée.

À une heure avancée de la soirée, et longtemps après le départ des convives, la reine Jeanne s’était retirée dans la chambre où elle devait passer la nuit ; elle s’y trouvait seule avec sa dame d’atours. Déjà elle avait ôté en grande partie son pesant costume de cérémonie et achevait d’ôter ses bijoux. L’agitation fébrile de ses mains et l’expression de dépit empreinte sur ses traits, attestaient la plus vive impatience. Elle parlait avec aigreur, et tout ce que faisait la dame d’atours lui attirait une réprimande ou un reproche : colliers, bracelets, boucles d’oreilles étaient jetés çà et là sur le parquet comme des objets sans valeur, et de temps en temps, des phrases menaçantes s’échappaient de la bouche de la princesse.

Après s’être revêtue d’une robe de chambre en soie blanche, Jeanne se mit à parcourir la chambre

  1. On trouve une vue de cet édifice dans la Flandria illustrata de Sandarus. L’endroit où il se trouvait est aujourd’hui couvert en partie par d’autres bâtiments.