Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/168

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vaut, et votre sceptre de fer vous est arraché pour toujours…

— Tais-toi, tais-toi ! s’écria de Gistel ; la liberté ne t’appartient pas. Tu n’as pas été créé pour elle.

— La liberté ! répondit de Coninck, de par nos sueurs et notre sang, elle est à nous, et tu voudrais nous l’enlever !…

De Gistel sourit ironiquement et répondit :

— Tes paroles et tes menaces sont une vaine fumée, doyen. Nous nous servons des armes étrangères pour raccourcir les ailes du monstre. D’autres lois régiront les communes ; leur entêtement dure depuis trop longtemps : nos mesures sont prises. Bruges courbera le front, et toi, tu ne reverras plus la lumière du soleil.

— Tyran ! s’écria le doyen des tisserands ; honte et malheur de la Flandre ! La tombe de ton père n’est-elle donc pas creusée dans cette terre que tu déshonores ? Ses restes sacrés ne reposent-ils pas dans son sein ? et tu la vends à l’étranger, bâtard que tu es ! La postérité jugera ta lâcheté et ton infamie, et tes enfants eux-mêmes, pour attester qu’ils te renient, inscriront ta honte sur les pages de notre histoire !

— Assez, dit de Gistel ; trêve à tes ridicules insultes. Holà, gardes ! qu’on le jette dans un cachot, en attendant son supplice.

Sur cet ordre, de Coninck fut entraîné hors de la salle et conduit dans un cachot souterrain. Un cercle