Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/18

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Les chevaliers avaient suivi avec anxiété cette terrible lutte ; mais elle avait été si rapide, qu’ils n’avaient pas eu le temps d’échanger une seule parole ; dès qu’ils furent revenus de leur stupéfaction, le comte de Saint-Pol s’écria :

— En vérité, seigneur comte, mon frère, je crois que ton homme d’armes a affaire à un enchanteur. Ce combat n’est pas naturel.

— Maudit pays ! répondit Châtillon avec abattement. Mon cheval se casse le cou ; mon fidèle serviteur paye de sa vie son dévouement ! C’est un jour de malheur !… Allons, mes amis, relevez le corps de votre camarade : transportez-le aussi bien que possible au plus prochain village, afin qu’on le guérisse ou qu’on l’enterre !… Je vous en prie, messires, que le comte de Valois ne sache rien de cet accident.

— Nous vous comprenons parfaitement ! répondit Pierre Flotte. Mais, messires, jouons de l’éperon et marchons en avant. Voyez, monseigneur de Valois va disparaître sous les arbres.

Tous, à ces mots, lâchèrent la bride à leurs montures, et bientôt ils eurent rejoint le comte, leur chef. Celui-ci chevauchait lentement et ne s’aperçut pas de l’approche de ses compagnons. Sa tête, couverte d’un casque argenté, était penché sur sa poitrine, son gantelet de fer et sa bride s’appuyaient sur la crinière de son cheval : de son autre main il étreignait la poignée d’une épée de combat suspendue à la selle.

Tandis qu’il était absorbé dans une profonde mé-