Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/192

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silencieux au milieu d’eux et semblait ne prendre aucun intérêt à ce qui se passait.

— Eh bien, ami de Coninck, que nous conseillez-vous ? demanda Breydel.

— De rendre la ville ! répondit-il froidement.

Les bouchers se mirent à murmurer de nouveau, mais un geste impérieux de Breydel les réduisit au silence.

— Croyez-vous, de Coninck, qu’avec du courage et une intrépide résolution, on ne puisse défendre la ville ? Une héroïque bravoure serait-elle impuissante ? Heure fatale !

Il était facile de deviner sur les traits de Breydel les combats qui se livraient dans son âme ; autant ses yeux avaient été enflammés du désir de combattre, autant, en ce moment, ils étaient devenus ternes et abattus : le feu dont ils brillaient d’ordinaire s’était éteint subitement.

De Coninck éleva la voix de manière à se faire entendre de la foule qui l’entourait, et dit :

— Je vous prends tous à témoins que l’amour de la patrie m’inspire seul. Pour ma ville natale j’ai bravé votre colère furieuse, aussi, il ne me coûterait rien non plus de mourir de la main de l’ennemi ; mais la conservation de la perle de la Flandre est pour moi une tâche plus sacrée : accablez-moi d’outrages, insultez-moi, injuriez-moi comme un traître, je sais le devoir que j’ai à remplir. Quelque pénible que soit la mission que je me suis donnée, rien ne