Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/209

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La jeune comtesse était assise à la fenêtre, le découragement dans le cœur ; elle regarda le gentilhomme avec une expression singulière, où se lisaient le doute et l’incrédulité.

— Que dites-vous ? s’écria-t-elle enfin en se levant et posant son faucon sur la chaise ; nos malheurs sont finis ?

— Oui, ma noble demoiselle, un sort meilleur vous attend. Voici un écrit bienheureux. Les battements de votre cœur ne vous disent-ils pas quelle est la main chérie qui…

Avant qu’il eût pu achever sa phrase, Mathilde haletante et presque folle, s’était élancée vers l’écrit et l’avait arraché de ses mains. Une rougeur inusitée enflammait ses joues, et des larmes de joie s’échappaient de ses yeux. Elle brisa le sceau du comte et les fils de soie qui fermaient la lettre, et la lut trois fois avant de paraître y comprendre quelque chose. Elle ne comprenait que trop, la pauvre fille ! Ses larmes ne cessèrent pas de couler, mais ce n’étaient plus des larmes de joie.

— Messire Adolphe, dit-elle avec un accent douloureux, votre joie me déchire le cœur. Nos malheurs sont finis, dites-vous ? Las, lisez et pleurez avec moi sur mon malheureux père.

Le chevalier prit l’écrit des mains de Mathilde, et, à mesure qu’il lisait, sa tête se penchait sur sa poitrine. Il crut d’abord que le moine l’avait trompé et s’était servi de lui pour porter une fâcheuse nouvelle ;