Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le bois pour aller anéantir le château de Male.

Suivant le témoignage des chroniques ils étaient au nombre de sept cents, et pourtant ils étaient tellement désireux d’atteindre leur vengeance, qu’aucun bruit imprudent ne s’élevait de leurs rangs. On n’entendait que le frottement des branches traînantes et l’aboiement des chiens que ce bruit étrange effrayait. Ils s’arrêtèrent à une portée d’arc du château, et Breydel s’avança avec quelques hommes pour observer les remparts. La sentinelle qui veillait au-dessus de la porte avait entendu le bruit de leurs pas ; toutefois, doutant encore, elle écouta avec plus d’attention et s’avança sur le rempart.

— Attendez, dit un des compagnons de Breydel, je vais faire rentrer cet ennuyeux veilleur.

À ces mots il banda son arc et visa la sentinelle.

— Il atteignit son but, car sa flèche se brisa en morceaux sur la cuirasse du Français. Celui-ci effrayé par le coup descendit des remparts, et cria de toutes ses forces :

— France ! l’ennemi ! aux armes ! aux armes !

— En avant, camarades ! cria Breydel, en avant ! Par ici avec les fagots !

Les bouchers vinrent un à un planter les branches et les arbrisseaux dans le fossé ; il fut bientôt assez comblé pour qu’on y pût marcher comme sur un pont, jusqu’au mur. Les échelles furent placées et une partie des Flamands escalada les remparts sans trouver de résistance. Au cri de la sentinelle les sol-