Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/266

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huant tristement contre la lumière qui venait la chasser.

En ce moment un homme était assis sur un des tas de décombres au milieu des ruines. Un casque sans plume était attaché sur sa tête par deux courroies, une cuirasse entourait son corps athlétique, et des plaques d’acier couvraient ses membres. Sa main, revêtue d’un gantelet de fer, était posée sur un bouclier dont on aurait vainement cherché les armoiries, car on n’y voyait qu’une ligne brune oblique. Ses armes, de même que la longue lance placée à côté de lui, étaient peintes en noir, probablement en signe de deuil, À peu de distance de là se tenait un cheval encore plus noir que le chevalier : comme il était aussi entièrement couvert d’écailles de fer, l’animal courbait avec peine la tête jusqu’à terre, et broutait ainsi les têtes humides des plantes. L’espadon suspendu au côté de la selle était d’une grosseur surprenante et paraissait destiné à une main de géant.

Pendant qu’un silence de mort régnait dans les ruines, le chevalier poussait des soupirs de désespoir et ses mains gesticulaient comme s’il parlait à quelqu’un. De temps en temps il tournait la tête avec méfiance vers les haies et les chemins environnants ; et, quand il fut bien sûr d’être seul, il leva la visière de son casque, et découvrit son visage : c’était un homme d’un âge mûr avec des joues ridées et des cheveux grisonnants. Quoique ses traits portassent la