Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/28

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du cortége ; mais il n’avait pas pris garde à ces marques de déférence, tant il semblait absorbé dans une profonde préoccupation.

Celui qui eût aperçu Adolphe de Nieuwland auprès de Robert de Béthune l’eût facilement pris pour son fils. Car, à part la grande différence de l’âge, les deux chevaliers se ressemblaient étonnamment : même stature, même attitude, mêmes traits du visage ; seulement les vêtements du plus jeune étaient de couleur différente, et l’écusson, brodé sur sa poitrine, portait, au lieu du lion de Flandre, trois jeunes filles à la chevelure d’or au champ de gueules. Au sommet de l’écusson on lisait cette devise : Pulchrum est pro patriâ mori[1].

Élevé, depuis son enfance, dans la famille du comte Robert, Adolphe de Nieuwland était devenu son ami et son confident, et le comte le traitait comme un fils bien-aimé : de son côté, il vénérait son bienfaiteur comme son père et son suzerain, et il lui avait voué, à lui et à ses enfants, une affection sans bornes.

Non loin de lui s’avançaient les nobles dames dont les vêtements, resplendissant d’or et d’argent, éblouissaient le regard. Toutes étaient assises sur des haquenées au pied léger ; une longue jupe, sorte d’amazone, tombait jusqu’à terre, et couvrait le flanc de leur monture. D’élégants corsages de drap

  1. Il est beau de mourir pour la patrie.