Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/297

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Pourtant je désire voir mes frères, j’irai avec vous, mais la visière baissée. Si je juge nécessaire de me faire connaître, je vous ferai un signe, et vous exigerez des seigneurs présents leur parole de garder le secret de mon nom ; s’ils refusent cela, ils ne me reconnaîtront pas. Je veux également ne pas parler.

— Votre volonté sera faite, monseigneur, soyez certain que vous serez content de moi ; je comprends très-bien votre intention… La malade paraît dormir : que le repos lui soit favorable !

— Elle ne dort pas, la pauvre enfant, elle est assoupie de fatigue ; mais il me semble entendre des pas d’hommes. Maintenant que j’ai remis mon casque, vous ne me reconnaissez plus, n’oubliez pas cela.

Le médecin entra avec Breydel ; il salua le chevalier noir avec respect et sans dire mot, alla droit à la jeune malade. Après l’examen ordinaire, il déclara que la jeune fille devait être saignée au plus tôt, et il la saigna au bras gauche, pendant que les deux doyens la tenaient immobile sur le lit ; le comte soupira péniblement et détourna la tête. Le sang qui s’élançait, en un jet puissant, du bras de la jeune fille lui parut amer comme du fiel, et le fit trembler de douleur ; il se retourna, toutefois, vers la jeune fille, mais sans la regarder.

Le médecin n’arrêta le sang que quand elle fut tout à fait épuisée. Elle respira plusieurs fois avec