Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/32

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jusqu’à mon dernier jour ; mais je suis trop vieux pour me bercer d’une trompeuse espérance ; monseigneur, mon règne est fini : telle est la volonté de Dieu !

— Vous ne connaissez pas mon royal frère, répliqua le comte de Valois. En cette circonstance, il est vrai, ses actes témoignent contre lui ; mais je vous jure que son cœur est aussi loyal et aussi généreux que celui du meilleur chevalier.

Robert de Béthune interrompit en ce moment monseigneur de Valois, et s’écria d’une voix impatiente :

— Que dites-vous là, monseigneur, le cœur du roi Philippe aussi généreux que celui du meilleur chevalier ! Un chevalier viole-t-il donc jamais sa parole donnée et sa foi ? Lorsque nous arrivâmes à Corbeil, avec notre pauvre Philippine, votre roi nous a donné l’hospitalité et nous a jetés ensuite tous en prison[1]. Cette félonie est-elle le fait d’un loyal chevalier, dites ?

— Voilà des paroles bien vives, messire de Béthune, répondit le comte de Valois. Je ne pense ce-

  1. C’est pourquoi le comte Guy, sur l’ordre du roi de France, et croyant plaire audit roi, envoya à Paris sa fille, Philippine, avec trente nobles dames, et Robert, son frère aine, l’accompagna avec trente chevaliers et pages, et ledit frère Robert demeura, par aventure, hors de Paris. — Quand sa sœur Philippine, étant à Paris pour aller rendre visite au roi, arriva au palais, la reine la fit arrêter avec toutes ses dames et pages, et Philippine resta prisonnière du roi. (L’Excellente Chronique.)