Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/357

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— Prenez patience, vous saurez tout dans un instant : je veux développer mon projet en présence de tous les doyens. Je vais les faire appeler.

Il sortit brusquement de la tente, appela une sentinelle et l’envoya au bois inviter tous les chefs à le venir trouver. Peu de temps après, ils formaient, au nombre de trente, un cercle au dehors de la tente. De Coninck leur parla en ces termes :

— Compagnons, l’heure solennelle est arrivée : il nous faut la liberté ou la mort. Assez longtemps nous avons porté au front la marque d’infamie ; il est temps que nous demandions compte à nos ennemis du sang de nos frères, et, s’il nous faut mourir pour la patrie, songez, amis, que les chaînes de l’esclavage se brisent au bord de la tombe, et que nous nous endormirons, libres et sans flétrissure, à côté de nos pères. Mais non, nous vaincrons, j’en suis sûr, le lion de Flandre ne peut périr, et voyez si nous n’avons pas le droit pour nous ! Les étrangers ont mis notre pays au pillage ; ils ont jeté en prison notre comte et ses fidèles vassaux ; ils ont empoisonné la comtesse Philippine ; ils ont dévasté notre bonne ville de Bruges et pendu au gibet, sur notre propre sol, les plus généreux d’entre nos frères. Les cadavres sanglants de la mère et de la sœur de notre malheureux ami Breydel reposent au milieu de nous. Ces cadavres et ceux de tous ceux qui sont morts de la main des oppresseurs étrangers élèvent la voix et crient vengeance dans vos cœurs ! Eh bien, enfer-