Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/365

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De Coninck saisit la main du brave Gérard et la serra avec émotion.

— Voilà encore une âme comme celle de Breydel ! pensa-t-il.

— Gérard, dit-il, tu es un digne compagnon ; merci pour ton généreux dévouement ; écoute donc, car j’ai peu de temps. Tu iras trouver sur-le-champ tes camarades et tu les avertiras ; cette nuit vous vous rendrez secrètement dans la ruelle du Poivre : toi seul monteras sur le rempart qui sépare la porte de Damme de la porte de la Croix ; couche-toi là par terre et fixe les yeux dans la direction de Sainte-Croix. Dès que tu apercevras un feu dans la campagne, tombe, avec tes hommes, sur la garde de la porte, ouvre cette porte, et sept mille Flamands s’y trouveront.

— La porte sera ouverte à l’heure indiquée ; ne craignez rien, je vous prie, répondit Gérard avec sang-froid.

— Est-ce dit ?

— C’est dit !

— Bon soir donc, mon digne ami ; que Dieu soit avec vous !

— Et qu’il vous accompagne, maître !

De Coninck laissa le tisserand rejoindre sa femme et lui-même quitta la maison. Il arriva bientôt à la vieille halle devant une magnifique habitation : il frappa et la porte s’ouvrit :

— Que veux-tu, Flamand ? demanda le domestique.