Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/400

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sur les traits de certains cadavres ; il accusait plus de douleur et de tristesse que la plainte la plus désespérée. Elle fixa sur la sœur d’Adolphe un regard qui disait :

— Oh ! consolez-moi et soulagez-moi !

Marie s’approcha de la jeune fille affligée et lui serra la main avec une tendre compassion. Elle donna à sa voix ce doux accent qui pénètre comme un chant de consolation dans l’âme de ceux qui souffrent, et dit :

— Vous pleurez, ma bien-aimée souveraine ; votre cœur est en proie à la tristesse et au désespoir, et rien, non rien ne vient adoucir votre triste sort ! Oh ! vous êtes bien malheureuse !

— Malheureuse, dites-vous, mon amie ? Oh ! oui, il y a quelque chose qui me serre et me déchire le cœur. Savez-vous quelles terribles visions se pressent sans cesse dans mes yeux ? Comprenez-vous pourquoi mes joues sont toujours baignées de larmes ? J’ai vu mon père mourir empoisonné, j’ai entendu sa voix éteinte me dire : adieu, pauvre enfant que j’aimais tant !

— Je vous en supplie, madame la comtesse, dit Marie, chassez ces lugubres visions ! Vous me faites frémir ! Votre père est en vie ; vous péchez grandement en vous abandonnant au désespoir. Pardonnez-moi la hardiesse de mon langage.

Mathilde prit la main de Marie et la pressa doucement, comme pour lui faire comprendre que ces