Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/417

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Le manque d’argent, aussi bien que l’arrivée quotidienne des vassaux qui venaient des seigneuries lointaines, retinrent pendant quelque temps encore cette armée en France. La trop grande précipitation avec laquelle les Français avaient coutume de s’engager dans leurs expéditions leur avait été mainte fois fatale ; ils avaient appris, à leurs dépens, que la prudence est aussi une force ; c’est pourquoi ils voulurent, cette fois, pourvoir à tout et n’entreprendre la campagne qu’après avoir pris toutes les précautions de nature à en assurer l’heureuse issue. La méchante reine de Navarre invita Robert d’Artois à la venir voir, et l’engagea à faire subir à la Flandre toutes les cruautés. Elle lui ordonna, entre autres choses, de faire couper les mamelles à toutes les truies flamandes, de faire périr par l’épée tous leurs petits, et de mettre à mort sans pitié les chiens du pays de Flandre : ces chiens de Flandre, c’étaient les hommes courageux qui, le glaive au poing, allaient combattre pour leur patrie. Ces paroles indignes, prononcées par une femme, par une reine, ont été conservées dans les chroniques du temps, comme un témoignage de sa cruauté[1].

    et des plus habiles guerriers de son temps, était l’irréconciliable ennemi des Flamands, auxquels il ne pouvait pardonner la mort de son fils, qui avait péri devant Fumes (Voisin, Notice sur la bataille de Courtray.)

  1. Voir l’Excellente Chronique dont nous avons reproduit textuellement les termes.